Je viens de finir le livre d’Olivier Le Deuff « La formation aux cultures numériques. Une nouvelle pédagogie pour une culture de l’information à l’heure du numérique ». Bon, je ne vous fais pas la promo du livre parce qu’on a mangé ensemble la semaine dernière, mais bien parce qu’il faut le lire. Convaincu comme lui que la fameuse génération Y, bien que très utilisatrice de tout ce qui ce fait sur le web aujourd’hui, n’a pas forcément de culture de l’information, Olivier le Deuff propose un nouveau modèle pédagogique permettant de s’adapter à notre civilisation numérique toujours en construction.
Après une définition de la culture à l’heure du numérique, l’auteur présente les six principaux enjeux que sont la déformation, les infopollutions, le double numérique, la crise de l’autorité face à la popularité, la surveillance participative et la crise de l’attention. Il s’attaque ensuite aux mythes en vigueur. Les fameux « digitales natives » sont passés au crible les « why », les « millenials », jusqu’à « l’homo zappiens » (encore plus numérique que la matrice). Maintenant qu’on a l’individu, qu’est-ce qu’on peut lui concocter comme connaissance. Le chapitre 4 revient abondamment sur les différentes littératies : information literacy, computer literacy, critical literacy, library literacy, digital literacy et j’en passe.
Ceci nous permet d’arriver aux écritures de soi, le cœur du livre. Pour l’auteur, « la question de l’identité numérique consiste surtout en une gestion de sa présence en ligne ». S’opposant au « personnal branding », Olivier le Deuff prône « Une culture de soi qui pourrait être développée afin que l’individu puisse garder un regard extérieur et critique sur ces actions. » Ça me semble en effet essentiel à l’heure ou chaque étude qui sort sur la perception de l’information sur le web fait apparaître que les gens ont du mal à évaluer l’information (si c’est dans Google, c’est que c’est vrai).
Au niveau des réformes à mettre en place, il tacle généreusement le B2I (une vraie supercherie selon moi) en arguant que « plus ce genre de système donne l’impression que les élèves maîtrisent un grand nombre de savoirs, plus le contact du terrain démontre au contraire un effondrement de ces connaissances de base. »
C’est donc un livre que je vous recommande, qui se lit très vite et qui, en passant par Bourdieu, Kant et Foucault, vous permettra d’avoir un regard critique sur les évidences du numérique.