Jean-Louis BORLOO annonçait le 7 juillet une baisse historique de la consommation d’énergie et des émissions de CO2 dans le bilan énergétique de la France.
La bonne nouvelle c’est que la consommation d’énergie primaire diminue de 5,2 % en 2009, une baisse d’une ampleur jamais enregistrée depuis 1975. Avec, 259 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep), elle retrouve à peu près son niveau d’il y a 10 ans.
La « mauvaise » nouvelle, c’est que c’est à cause de la crise et pas du tout grâce aux mesures du Grenelle Environnement comme le prétend le communiqué de presse.
A titre de poudre aux yeux, le communiqué de presse cible par exemple de l’électricité photovoltaïque et annonce fièrement +600% en 2 ans. Whaouh… mais ça représente combien en Mtep par exemple ? En fait, de 2 Mtep en 2007, on est passé à 14 Mtep sur les 20 000 Mtep que représente les ENR, ça ne fait pas lourd, alors pourquoi s’en vanter à part pour faire de l’auto-promotion ?
Au final, l’augmentation de la production ENR est 1,8 % par rapport à 2008, ce n’est donc pas énorme.
Ce qu’il faut retenir, c’est que la facture énergétique de la France (même en diminuant d’un tiers en 2009) représente à elle seule la quasi totalité du déficit de notre commerce extérieur, soit près de 43 milliards d’euros en 2009.
Petit rappel par Alain Grandjean
Le débat d’opinion concerne les opinions, pas les faits. Il concerne l’interprétation des faits, les conséquences politiques qu’on en tire, pas les faits eux-mêmes.
-les gaz à effet de serre (GES, tels que le CO2, le méthane, le N2O, les gaz fluorés et quelques autres) augmentent le pouvoir d’effet de serre de l’atmosphère
-ces gaz sont émis en quantités croissantes ; pour le seul CO2, la trajectoire dans un scénario « tendanciel » peut conduire dans le siècle à un triplement voire plus de la concentration « préindustrielle »
-un simple doublement de la concentration de l’atmosphère en CO2 conduit à une augmentation de la température moyenne planétaire située, selon les estimations, entre 2 et 5 °C1.
-l’écart de température par rapport à la dernière glaciation est de 5°C
-la dérive climatique actuelle peut donc conduire à un changement d’ère climatique en moins d’un siècle
-les impacts de ce changement d’ ère climatique sont négatifs voire très dangereux pour la majorité des habitants de cette planète
Lire l’article complet sur le site de l’Expansion.
Ce qui est dommageable, c’est que les « vagues » de discrédit aient semé le doute au point que les gens ne fassent effectivement plus la différence entre des faits scientifiques indiscutables et des opinions controverses. On peut s’interroger sur le rôle d’information que doit jouer un état vis à vis de ses citoyens. On peut s’interroger sur l’éthique de nos politiques quand on sait qu’ils ont souvent des intérêts industriels personnels, qui n’ont rien à voir avec la simple sauvegarde de notre économie nationale. Alors qui doit informer ? Et comment ?
Qui pourra objectivement dire demain « je ne savais pas » ou « j’ignorais quoi faire » ?