L’émergence de la métacognition en centre de documentation
Du structuralisme à la systémique, comment ces approches mettent-elles en évidence les connaissances métacognitives et l’affectivité dans un usage d’apprentissage en centre de documentation ?
Je vais présenter ma réflexion en 8 étapes.
2 De la kybernêtikê de Google à l’homéostasie de Facebook
2.1 Qui sauve le vaisseau en perdition ?
« Aujourd’hui la science se trouve en quelque sorte sur une ligne de partage. Pendant deux siècles elle a étudié des systèmes intrinsèquement simples… Le fait qu’un dogme comme ‘faire varier les facteurs un par un’ ait pu être admis pendant un siècle, montre que l’objet des recherches scientifiques était dans une large mesure les systèmes qu’autorisait justement cette méthode, car une telle méthode est souvent totalement impropre à l’étude des systèmes complexes… Jusqu’à une époque récente, la science a eu tendance à concentrer son attention sur les systèmes simples et, notamment, sur les systèmes réductibles par l’analyse. » [ASH 56]
Cette ligne de partage dressée par Ashby en 1956 opposait déjà le maître et l’élève il y a 2300 ans. Comme nous avons vu ce qu’en pensait l’élève, étudions maintenant les propos de son maître.
« N’est-ce pas à la fois le pilote et les matelots, dont les sens s’unissent à l’intelligence du pilote, qui se sauvent eux-mêmes en même temps que le vaisseau. » Loin de fermer la porte au rire, Platon, dans cet extrait de « Les lois » (Livre XII), met en évidence la première approche systémique. Ni le pilote seul, ni les matelots, non plus que le vaisseau, ne peuvent trouver une solution à leur problème (sauver le vaisseau). Platon conçoit le vaisseau, le pilote et les matelots comme un système. Quand il parle de sens et d’intelligence, il est de plus dans l’analyse des relations de ce système.
Tout comme Blaise Pascal pour qui « Toutes choses étant causées et causantes, aidées et aidantes, médiates et immédiates, et toutes s’entretenant par un lien naturel et insensible qui lie les plus éloignées et les plus différentes, je tiens impossible de connaître les parties sans connaître le tout, non plus que de connaître le tout sans connaître particulièrement les parties », Ludwig von Bertalanffy formalise les réflexions de Platon dans sa théorie générale des systèmes : « Le tout d’un système est plus que la somme de toutes les parties du système. Toute approche s’y rapportant doit partir d’une recherche globale de la solution. »
Joël de Rosnay va plus loin [ROS 75] et intègre le kybernêtikê de la pensée grecque à la systémique : « Aujourd’hui, nous sommes confrontés à […] l’infiniment complexe […] Nous sommes confondus par le nombre et la prodigieuse variété des éléments, des relations, des interactions ou des combinaisons sur lesquels reposent le fonctionnement des grands systèmes […] Nous sommes déroutés par le jeu de leurs interdépendances et de leur dynamique propre, qui les font se transformer au moment même où nous les étudions. L’approche systémique […] s’appuie sur une démarche globale des problèmes ou des systèmes que l’on étudie et se concentre sur le jeu des interactions entre leurs éléments. »
[ASH 56] ASHBY W. Ross, Introduction to Cybernetics, Chapman & Hall, London, [disponible en ligne], http://pespmc1.vub.ac.be/books/IntroCyb.pdf, consulté le 1 janvier 2011.
[ROS 75] DE ROSNAY Joël, 1975, « Le macroscope, vers une vision globale », Seuil, collection Points