Comment et quoi choisir quand on est veilleur ?
Nous avons tous un temps d’attention limité pourtant, en tant que veilleur, nous sommes tentés de vouloir tout lire pour que rien ne nous échappe. Tous les veilleurs ont du vivre cette scène : quelqu’un arrive dans votre bureau en brandissant une actualité fièrement « tu l’avais pas vu ? » Comme si c’était une faute grave de ne pas avoir pris connaissance de tous les articles de la planète à un instant T.
Alors oui, parfois les veilleurs veulent tout lire. Parfois aussi, les veilleurs ne savent pas décrocher 😉
Bref, un travail quotidien consiste à réaliser des arbitrages sur le flot de données remontées par nos systèmes sociaux-techniques de plus en plus évolués et complexes mais toujours aussi imparfaits.
On en arrive à la curation… c’est un peu la curée après avoir débusqué l’information. Donc, curator, veilleur ou e-documentaliste, vous allez choisir. Qu’il s’agisse d’un choix très restreint pour un public élitiste (direction, manager) ou d’une diffusion massive, nous ne ferons pas les mêmes choix, tout simplement parce qu’il n’y a pas les mêmes enjeux.
« De minimis non curat praetor » ou pas…
Une règle couramment employée par les veilleurs pour décréter qu’une information mérite d’être relayée, surtout s’ils ne sont pas experts sur un sujets, est la redondance. Je simplifie, mais bon, en gros « si l’info apparaît X fois, alors c’est qu’elle est importante ». On peut s’arrêter sur le choix des mots, on peut être choquer, mais la vérité est là.
Si on a « croisé » plusieurs fois la même infos, on sera plus tenté de la lire. Notre cerveau va vite lui coller un petit tag « déjà vu » et zou, c’est trop tard, dans le jeu des neurones, il y a quelque chose qui fait qu’on sera curieux de cette info… jusqu’à ce qu’on la lise.
Le risque est de s’arrêter là, de ne prêter attention qu’aux informations les plus « bruyantes ». Alors ne faites pas comme le praetor romain, intéressez-vous aux informations de « petites » importances, il y a peut être un lièvre dessous.
Ses autorités cognitives
C’est ici qu’interviennent nos autorités cognitives. Ce sont elles qui vont déterminer quel « poids » et quelle crédibilité on accorde à telle ou telle information. La composition des facteurs qui composent la construction de ses autorités informationnelles ou autorités cognitives, varie d’un auteur à l’autre (Evelyne Broudoux, Alexandre Serres), mais l’idée principale reste la même : c’est un mix entre la source (comment on le qualifie personnellement et comment la société le qualifie), l’auteur (quel niveau de crédibilité je lui accord, quel niveau de crédibilité les autres lui accorde) et le contenu. Oui le contenu, car même si vous n’y connaissez rien sur un sujet, le style d’écriture, la composition des éléments symboliques et sémantique ont une influence sur votre jugement.
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