L’émergence de la métacognition en centre de documentation
Du structuralisme à la systémique, comment ces approches mettent-elles en évidence les connaissances métacognitives et l’affectivité dans un usage d’apprentissage en centre de documentation ?
Je vais présenter ma réflexion en 8 étapes.
2 De la kybernêtikê de Google à l’homéostasie de Facebook
2.3 Dans la bibliothèque de Google, le rat n’a plus rien à ronger
Nous ne prenons guère de risque en énonçant qu’en milieu scolaire (CDI) un centre de documentation reste pour beaucoup aujourd’hui un lieu inintéressant où végète un « rat de bibliothèque », avec qui, bien souvent, il est difficile de discuter.
Ces difficultés de compréhension sont en grande partie dues aux nouvelles typologies de recherche. On est passé de « Madame, il me faudrait un livre d’histoire récent pour une photo du président des USA. » à un jeune devant un ordinateur qui « cherche une photo du visage de Barack Obama, de grandes tailles, au format JPEG, et dont la licence autorise des modifications. » (lien vers la requête). De plus, Google, le principal moteur de recherche, propose une interface si simple qu’elle ne requiert aucun effort de structuration et de formulation de la demande. Ainsi donc, on saisit « vacances en Laponie » pour trouver aussi bien une agence de voyages spécialisée dans cette destination que pour regarder des photos de rennes tirant un traîneau. Des finalités très différentes et pourtant une formulation identique. Aucun documentaliste n’accepte une requête de ce genre. La première chose qu’il demandera sera de préciser la requête. « Vous cherchez une agence de voyages ou des fichiers multimédias ? »
Le fossé est trop large. D’un côté, nous avons un univers pensé, normalisé et classifié, régi par un professionnel qui inscrit ses démarches dans le temps (conservation) et de l’autre, un monde de l’immédiateté, de l’instant, dans lequel trouver par erreur (effet serendip) est presque devenu une étape incontournable de l’activité de recherche (je ne recherche plus, je navigue). Notre rapport à l’information a tellement évolué depuis la démocratisation du web que « les schèmes cognitifs changent, on ne joue plus de la même manière avec les outils de recherche. » [GAL 08]
On s’aperçoit bien qu’appréhender un centre de documentation sans analyser, cartographier et évaluer les relations qui sont en jeu dans des méthodes pédagogiques, des techniques d’enseignement, des modalités d’évaluation et des activités d’apprentissage, réduit considérablement sa portée et sa compréhension.
L’entropie informationnelle [ERT 03, GAL 02] change notre rapport à l’information, nos façons de la rechercher, de l’évaluer, de la stocker, de l’annoter. L’équifinalité de l’approche systémique permet d’envisager plusieurs chemins pour apprendre la même chose.
[GAL 08] GALLEZOT Gabriel, ROLAND Michel, ARASZKIEWIEZ Jacques, 2008, « La recherche floue » In : Traitements et pratiques documentaires : vers un changement de paradigme ? – Document numérique et Société, Paris, CNAM, France.
[ERT 03] ERTZSCHEID Olivier, GALLEZOT Gabriel, 2003, « Chercher faux et trouver juste, Serendipité et recherche d’information. », CIFSIC, Bucarest 2003 – Atelier D2 – «Communication et complexité ».
[GAL 02] GALLEZOT Gabriel, 2002, « La recherche in silico » In : Chartron G. (dir.) Les chercheurs et la documentation électronique : nouveaux services, nouveaux usages, Edition du cercle de la Librairie, Coll. Bibliothèque.