Les répercussions macroéconomiques aux USA
Selon le rapport sur la stabilité dans le monde du FMI (2008), les seules pertes subies par le secteur financier à la suite de la crise des subprimes en un an, aux Etats-Unis s’élevaient à 1400 milliards de dollars, dont 800 milliards constituaient les seules pertes du secteur bancaire (Hugon et al, 2009)
L’effondrement du marché immobilier
Nous nous proposons de résumer en 10 étapes l’éclatement de la bulle immobilière et ses conséquences sur l’économie à cause de l’interdépendance dû à la chaine de titrisation.
« En fait, l’ensemble des innovations financières a conduit à une dissémination telle des risques que le système financier pouvait être déstabilisé par tout imprévu susceptible de remettre en cause les anticipations des opérateurs et donc de déclencher une panique boursière. » (Marty, 2011).
Les premières défaillances de remboursement des prêts subprimes par leurs souscripteurs ont conduit les banques à saisir lesdits biens. La multiplication des saisies a engendré une baisse du prix des maisons et même les ménages qui avaient des capacités suffisantes de remboursement se sont retrouvés dans la situation où le prix de leur maison se dégradant, le taux d’intérêt de leur prêt augmentait, les transformant à leur tour en mauvais payeurs puis en « pertes irrécouvrables ».
On voit bien sur le graphisme ci-dessous la chute brutale des prix de l’immobilier au premier semestre 2007.
Figure 6 – prix des maisons aux USA
À l’été 2007 le taux de non remboursement sur les crédits « subprimes » dépassait 15%. L’effet corrélé, et absolument illogique, est la diminution des produits dérivés estampillés AAA (graphique ci-dessous). C’est bien l’illustration de la piètre qualité de modélisation du risque pour des produits dérivés de type CDO² ou CDO3.
Chômage
La baisse du patrimoine des ménages les a incités à augmenter leur épargne de précaution, entraînant de facto une baisse de la consommation brutale à partir du premier trimestre 2008 comme l’illustre le graphique ci-dessous.
À partir du premier trimestre 2008, la hausse du chômage s’accélère pour atteindre, en dix-huit mois la barre des 10%.
Le mois de septembre 2008
Le mois de septembre 2008 concentre une série de faits qui nous semble être l’apothéose de la crise, avec, notamment la faillite de la banque Lehman Brothers.
- 7 septembre : Fannie Mae et Freddie Mac, au bord de la faillite et noté AAA sont nationalisées.
- 9 septembre : Lehman Brothers annonce une perte de 3,2 milliards de dollars.
- 12 septembre : Lehman Brothers n’a plus de liquidités.
- 13 septembre : Merril Lynch est racheté par Bank of America.
- 15 septembre : Lehman Brothers est déclaré en faillite.
- 16 septembre : l’assureur AIG annonce qu’il doit rembourser 13 milliards de dollars pour couvrir les CDS.
- 17 septembre : AIG est mis sous tutelle de l’état, qui va injecter plus de 150 milliards de dollars pour refinancer les banques.
- 18 septembre : les banques demandent 700 milliards de dollars pour se renflouer et éviter une recession. Le 4 octobre suivant, le président Bush signe ce plan.
- 18 septembre : la banque britannique HBOS, leader du prêt immobilier au Royaume-Uni accepte en urgence son rachat par Lloyds TSB.
Lorsque la banque centenaire, fleuron de l’économie américaine, se déclare en faillite, les marchés s’affolent. Tous ceux qui détiennent des titres de Lehman Brothers se retrouvent en manque de liquidités et cherchent à vendre des actifs pour rembourser leurs clients. Tous les opérateurs du marché du crédit interbancaire revoient à la hausse les probabilités de défaut des autres banques et cela paralyse le crédit interbancaire.
Selon le FMI (2009 [1]), jusqu’en janvier 2009, environ 792 milliards de dollars de dépréciations ont été enregistrés par les établissements bancaires dans le monde.
Pour y faire face, les banques ont collecté 826 milliards de dollars de capitaux, dont 380 milliards d’origine publique.
Bibliographie et Notes
[1] FMI (2009), « Governments Must Take Stronger Measures to Strengthen Banks », IMF Survey online, 28 janvier.
Hugon P., Nicet-Chenaf D., Rougier E., 2009, « Les effets de la crise mondiale sur les pays émergents », in The international conference « Dimensions socio-politiques et économiques de la crise dans les pays émergents », MEXICO : Mexico, consulté le 6 décembre 2013, http://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00798425