L’Uffej et Inférences publie la première étude sémantique du discours corporate des entreprises sur le développement durable. J’en ai pris connaissance en avril, mais je mets du temps à partager l’info.
Le développement durable prend une place grandissante dans le débat public comme dans le discours des entreprises. Contraintes ou volontaires, ces dernières déploient sur ce thème un discours corporate abondant à travers rapports annuels spécifiques, rubriques de rapports d’activité ou de sites Internet. Mais pour dire quoi au juste ? C’est à cette question que l’Ujjef et le cabinet Inférences ont souhaité répondre en réalisant une analyse sémantique dont ce document constitue la synthèse. Au-delà de l’auscultation minutieuse des discours, cette analyse s’est attachée à tracer des tendances et des bonnes pratiques pour une communication responsable, loin des discours convenus et des figures imposées.
A lire, très instructif. Mes passages préférés :
Pas de pensée de la complexité
Or, le développement durable exige que la traditionnelle – et légitime – logique centrée sur la stricte performance économique de l’entreprise soit désormais multicentrée et complexifiée, pour intégrer à part égale des enjeux sociaux et environnementaux. En 2009, ce n’était pas encore le cas. Peut-être s’agit-il de l’héritage d’une certaine formation des élites où les questions environnementales et sociales apparaissaient comme de vagues externalités voire des variables d’opportunité ? À l’heure où l’on souligne la nécessité de penser les « enjeux de civilisation » et de prendre en compte la complexité, un certain réductionnisme économique continue de prévaloir chez les plus puissants acteurs du changement aujourd’hui : les entreprises.
L’entreprise n’aime pas les contradictions
Un exemple : sur plus de 500 000 mots et locutions examinés, le mot contradiction est cité… 1 fois.
Champs notionnels
Le discours corporate des entreprises valorise les dimensions sociale et économique du développement durable. Les thèmes environnementaux (réchauffement climatique, pollution, épuisement des ressources, etc.), à l’origine du concept de développement durable, sont en retrait.
Champs sémantiques
Trois champs dominent l’organisation sémantique du discours corporate des entreprises : volontarisme, contrôle et mesure, stratégie. Cela indique, au moins dans les énoncés, une approche performative du développement durable.
Discours des dirigeants
« Crise » et « développement durable », les 2 mots les plus cités par les dirigeants dans les rapports annuels publiés en 2009.