Pour répondre à la question « qu’est-ce qu’un ego-document », il convient, certes, d’en établir une définition à partir de ses deux composantes pour tenter de définir un champ de recherche, mais surtout, à mon sens, d’en identifier les intentions initiales et la portée prévue par l’auteur. En effet, qu’a-t-on dit lorsque l’on combine la définition du « document » du dictionnaire de la langue française d’Émile Littré « Chose qui enseigne ou renseigne » et celle « d’ego » du dictionnaire Larousse « Nom donné au moi conçu comme ‘sujet personnel’ » ?
Un plan en 4 articles
Plutôt que de vous proposer des prolégomènes sur le document et sur l’ego, mon parti pris est d’inclure dans le périmètre de l’ego-document, aussi bien les documents écrits par soi que les documents écrits à propos de soi. Dans mon champ de recherche, l’autobiographie ne peut en effet pas s’opposer à la biographie puisqu’il s’agit bien de choses qui enseignent ou renseignent sur le moi comme sujet personnel.
Après cet article, qui sert d’intro et de teasing, je vais publier à partir de lundi prochain un article par jour et finir par ma conclusion. Ce sera mon ego-document de la semaine, publié sur un blog (un ego-document) dont le nom de domaine est une orthèse cognitive.
Dans ce premier article je vais tenter de définir l’ego-document à partir de ce qu’il n’est pas. A partir du rôle social des documents qui renseignent sur un individu, je tâcherais de comprendre dans quelle mesure les documents produits par l’autre, peuvent réellement nous renseigner sur le moi de quelqu’un, qu’il s’agisse d’une commande ou d’une initiative de « l’autre ».
Bien que les ego-document aient toujours existé, les traces des mains sur les murs de la grotte de Lascaux en sont une preuve tangible, il y a un moment ou l’intention de la production de l’ego-document a changé. D’un document à valeur et portée historique ou théologique, l’ego-document s’est transformé avec les Confessions de Rousseau en hymne à la subjectivité individualiste. Ce deuxième article est consacrée à la compréhension de cette bascule.
Je m’intéresserais, dans ce troisième article, aux documents produits par soi avec deux finalités possibles : ceux écrits pour soi et ceux écrit pour les autres. Cette partie traitera exclusivement des documents écrits et plus particulièrement des écrits du for intérieur, notamment les journaux intimes et les correspondances.
Enfin, dans ce quatrième article, je vais étudier la place des ego-documents dans nos sociétés à l’heure du numérique. Ont-ils toujours le même rôle social ou bien sont-ils devenus, par effet de mode ou par mutations des technologies, des orthèses cognitives ?
Guillaume
dans le cadre de mon HDR, je suis en train d’écrire sur ce sujet pour définer le terme…