Si l’on se base sur la définition présenté par le rapport Brundtland, en 1987, « Un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. », on peut être tenté d’émettre l’idée que le concept même de développement durable est intimement lié à la pérennité d’une entreprise.
Pourtant, si l’idée de durabilité existe chez à peu près tous les chefs d’entreprise, la question, morale, éthique, de durabilité de l’environnement de ladite entreprise est clairement moins présente dans leur esprit. Le résultat en est, malheureusement ou pas, perçus par les français, qui, dans l’étude « État des lieux et perspectives du Grenn Marketing », exprimaient, à 78% ne pas faire confiance aux discours environnementaux des entreprises [1]. En 2011, c’est 45 % des Français qui trouvent « qu’on en fait trop sur le réchauffement climatique » [2].
La crise financière qui existe depuis 2007, et les mesures gouvernementales d’austérité qui ont été déployées à travers le monde, l’Europe, la France, à différentes échelles, inscrivent un climat de défiance envers les investissements à longs termes. On a pu croire un temps que « les enjeux environnementaux deviennent déterminants au plan géopolitique et économique » (Grandjean, 2008) mais la pression sur les ressources énergétiques, minérales, agricoles ne cesse de croître.
Si l’on considère les trois piliers du développement durable : social, économique et environnemental, on s’aperçoit que la crise monétaire et financière actuelle les traverse tous. Et c’est sans compter les jugements de valeur éthiques liés au mode de gouvernance, notamment des institutions financières, qui apparaissent au fur et à mesure des publications sur les responsables de la crise des subprimes, dont sept ans après, les auteurs continuent à être condamnés.
Comment exprimer, faire comprendre, et à plus forte raison, faire accepter, des enjeux environnementaux soutenables lorsque nos économistes, nos politiciens, nos médias, font sans cesse référence à l’insoutenabilité de la dette financière de notre pays et des pays avoisinants ? Nous sommes donc bien dans un paradigme à contre-courant de la préconisation du rapport Bruntdland, une dette, économique, compromet, et de façon durable, les capacités des générations futures à répondre à leurs besoins. Et cette sonnette d’alarme n’est pas une nouveauté des écologistes, leurs conceptions fustigent depuis longtemps la surconsommation (Carley et Spapens, 1988) et la surexploitation.
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Bibliographie et notes
[1] Enquête Quintess Consulting, « Perception des français sur les pratiques des entreprises en matière de Développement Durable », enquête en ligne réalisée du 24 septembre au 4 octobre 2009 auprès d’un échantillon de 500 personnes représentatives de la population française.
[2] http://www.lemonde.fr/vous/article/2012/04/03/je-ne-crois-pas-au-developpement-durable_1679774_3238.html
Grandjean Alain, 2008, « Crise financière et développement durable », Revue « Annales des mines ».
Carley Michael, Spapens Philippe, 1998, « Sharing the World : sustainable living and global equity in the 21st century », pp. 56-74, London, Earthscan.
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